Valorisation numérique
En règle générale, les scènes gravées dans le wadi sont de belle facture et lisibles. Toutefois, dans certains cas, en particulier pour les blocs situés dans le lit mineur et qui ont subi le passage des eaux de crue, les gravures ont été en partie effacées et le décor est devenu difficile à lire. Dans d’autres cas, ce sont les superpositions de gravures qui complexifient la lecture. Aussi, pour ces stations, des techniques de lecture augmentée ont été testées pour obtenir un meilleur résultat que la simple lecture à l’œil nu. Parmi ceux qui sont à disposition de l’archéologue de l’image, deux procédés ont été utilisés dans le wadi Abu Subeira : la Reflectance Transforming Imagery (RTI) et la photogrammétrie. Les avantages et les inconvénients des deux méthodes ont été présentés au cours d’une communication orale au congrès de l’IFRAO en août 2018 à Valcamonica (voir rubrique « Présentations scientifiques »).
La RTI est un développé de la photographie numérique dans lequel l’appareil photographique et l’objet ciblé restent fixes pendant qu’un éclairage est porté sur la cible selon différents angles et différents emplacements. Le résultat est une image de la surface matérielle qui peut être vituellement zoomée et éclairée pour rendre les détails de la surface, comme les marques d’outil qui ont servi à la réalisation des traits gravés des figures.
La réalisation d’une image traitée par la RTI se fait en utilisant un appareil photographique monté sur un hémisphère ou un dôme lumineux ou en utilisant un tripode sur lequel est monté un appareil photographique relié à une source lumineuse autonome et mobile. Une sphère réfléchissante (comme une boule de billard) est placée dans le champ de prise de vue pour enregistrer la direction de l’éclairage à chaque prise de vue. Cette dernière méthode, développée à partir de 2006, est appelée Highlight Reflectance Transformation Imaging ou H-RTI et offre plus de souplesse pour des environnements extérieurs et les supports plus larges. C’est celle qui a été choisie pour être appliquée dans le wadi Abu Subeira. L’utilisation et la mise en œuvre de cette technique dans le désert ont été réalisées pour la première fois en Egypte dans le wadi Abu Subeira par Kathryn Piquette.
La photogrammétrie est une technique qui consiste à effectuer des mesures dans une scène, en utilisant la parallaxe obtenue entre des images acquises selon des points de vue différents. D’abord conditionnée à l’emploi de plusieurs appareils photographiques, elle exploite de plus en plus les calculs de corrélation entre des images numériques et géolocalisées. Elle permet de restituer une copie en relief et ultra-réaliste d’un objet ou d’un monument en se basant sur une modélisation rigoureuse de la géométrie des images.
Elle a été appliquée pour l’instant sur trois stations rupestres prédynastiques du wadi Abu Subeira. Les prises de vue ont été faites sur place au cours de la campagne d’avril 2018 par Maxence Bailly sur les indications de Léa-Lydie de Bruycker, qui a traité par la suite les images sous le logiciel Agisoft photoscan.
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