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Présentation des lieux

Lorsque l’on pénètre dans le wadi Abu Subeira par son embouchure ouvrant sur la vallée, dans une zone appelée Khor (« bouche ») Abu Subeira, on entre dans un espace vaste et ouvert, dans lequel se trouve à l’heure actuelle un village de la communauté des Abābda, que les anthropologues considèrent comme un sous-groupe des Beja. À son embouchure, le wadi occupe un kilomètre de large. On sait qu’à la fin du Paléolithique, entre  - 15 000 et - 20 000 B.P., cette zone connut une entrée des eaux du Nil dont le niveau était de neuf mètres supérieur à celui qu’il connaît actuellement et formait comme un vaste lac relié au Nil (STOREMYR P. 2012).

 

Cette zone est à l’heure actuelle irriguée et cultivée et il est fort possible qu’elle ait eu un couvert végétal à l’époque prédynastique. Les photos les plus anciennes de la zone qui datent de 1965 montrent une extension rapide de la zone irriguée depuis cette date, sous la pression démographique croissante. Au bout de quelques kilomètres, les falaises rocheuses se rapprochent et on évolue alors dans un corridor déterminé par des parois verticales d’une centaine de mètres de haut, encadrant la saignée laissée par le wadi, séparées de cinq cents mètres l’une de l’autre.

 

Si on continue notre progression dans le wadi, cette impression de corridor s’accentue, avec, au nord et au sud, des falaises au-delà desquelles le regard ne porte pas, mais qui sont découpées dans un plateau rocheux extrêmement plat et totalement minéral, avec un aspect lunaire dû à une forte érosion éolienne des blocs. Le plateau dans lequel s’ouvre le wadi Abu Subeira est constitué de grès silicifié, ponctuellement accompagné de nodules de quartzite en surface. Lorsque le regard se porte à l’ouest, on distingue encore les masses vertes de la végétation de la vallée, et à l’Est, on voit s’étendre à perte de vue le lit du wadi.

 

À certains endroits, dans la falaise nord plus que dans celle au sud, s’ouvrent dans la falaise des anciens contributeurs mineurs du wadi Abu Subeira. Ces affluents sont en général assez courts dans la partie qui nous intéresse, sauf le wadi Oumm Ushsht, qui s’enfonce profondément vers le sud, parallèlement au Nil. Ils se présentent comme des saignées dans le plateau, avec des falaises espacées de quelques dizaines de mètres et se terminent le plus souvent de façon abrupte, après un rétrécissement de la largueur du lit, par un éboulis ou un énorme bloc isolé qui ferme le passage. L’impression de mur est souvent très marquée.

 

Dans beaucoup de ces diverticules que nous avons prospectés, nous avons noté la présence de gueltas, ces bassins naturels formés par une dépression creusée dans la pierre, juste devant ces murs qui bouchent le passage. On sait que ces points d’eau naturels servent d’abreuvoir aux animaux du désert comme aux troupeaux envoyés paître.

 

Après trente-huit kilomètres de progression dans le wadi, on débouche dans un espace devenu très large, qui est constitué par le croisement du wadi Abu Subeira avec le wadi Khrait, qui s’allonge du nord au sud. Des vastes zones de dépôts alluviaux et un lit mineur très étalé caractérisent cette zone. À l’heure actuelle, il s’agit de la limite de notre concession et donc de la zone que nous avons pu parcourir en prospections pédestres. Le wadi Abu Subeira se poursuit vers l’Est après cette zone de confluence.

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